En voilà une question que bon nombre de travailleur·se·s autonomes se posent ! Cet article fait vraiment le tour du sujet et te donne de bonnes pistes afin de démarrer ton plan rapidement.
C’est aussi l’occasion de t’expliquer la différence entre le B2B et le B2C. Je finirai par les projections financières. C’est un gros article, mais il est agrémenté d’exemples et de liens pour compléter les informations.
Bonne lecture !
Le plan d’affaires est-il utile pour un·e travailleur·se autonome ?
Oui.
Ma réponse pourrait s’arrêter là, mais je vais te partager ma vision du plan d’affaires en tant que travailleuse autonome.
Il y a quelques années, je voyais ça comme quelque chose de lourd, compliqué, long, chiant (utilisons les mots justes) et inutile. Je croyais que ça ne servait qu’à obtenir des prêts à la banque ou à demander des subventions.
Que nenni ! Ça sert avant tout à te poser des questions sur ton offre, ton marché, tes clients, ta prospection, ton développement d’affaires, etc. Bref, ça fait le tour de ton entreprise afin d’être en mesure de bien te positionner dans ton marché et ainsi mieux communiquer à ta clientèle en quoi tu peux l’aider à régler son problème.
Dans le fond le plan d’affaires comprend trois gros morceaux :
- ton offre
- ta clientèle cible
- tes chiffres
Ils sont tous importants pour ta communication et ton positionnement dans le marché. Les chiffres t’aident également à savoir comment tu vas aller chercher des contrats puisque tu vas établir la liste de tes projections de ventes.
C’est une question de point de vue…
Je suis une femme d’action, je n’ai pas besoin d’un plan d’affaires pour partir mon entreprise. Je n’ai d’ailleurs fait le plan d’affaires qu’un certain temps après avoir lancé ada, l’académie des autonomes.
J’apprends mieux sur le terrain, les mains dans le cambouis comme on dit. Ce que le plan d’affaires m’a apporté comme photographe, c’est de voir là où je pouvais diversifier mon offre et donc mes revenus. Je n’aurai pas nécessairement vu toutes ces opportunités si je ne m’étais pas posée ces questions.
Conclusion :
- Est-ce que le plan d’affaires est utile ? Oui.
- Est-ce qu’il est obligatoire ? Non.
- Est-ce qu’il faut le suivre à la lettre ? La vie est faite de surprises, tout comme l’entrepreneuriat. Tu le fais pour bien penser ton entreprise, pas pour le suivre puisque tu vas t’adapter à ce qui va arriver au cours du chemin.
Suggestion :
- Respire
- Prends ça simplement comme un exercice de réflexion
- Tu ne sais pas ? C’est pas grave, continue à être dans l’action !
Balado / Podcast :
Dans le balado ci-dessous, tu peux écouter plusieurs points de vue concernant le plan d’affaires, notamment ceux de :
- Sherley Dupuy, fondatrice de Plantago
- Denis Ellefsen qui planche sur une microdistillerie
- Claude Ananou, maître d’enseignement à HEC Montréal
Bonne écoute et bonne lecture !
1. Détaille ton offre de produits ou services de solopreneur·e
Tu peux décrire l’étendue de ton offre dans la partie « Marketing / Vente » de ton plan d’affaires. Pas besoin de te creuser la tête trop longtemps. Voici quelques exemples de ce que tu pourrais écrire dans cette section :
Traduction
- Service à l’heure : 50$
- Tarif au mot : 0,35$ ch.
- Forfait 35h : 1 500$
Photographe
- Forfait famille 1h (5 photos) : 175$
- Forfait femme enceinte 1h (5 photos) : 225$
- Photo supplémentaire : 35$
C’est simplement une énumération de ton offre. La même information se retrouvera dans ton plan financier puisque c’est lui qui t’aidera à faire tes projections.
2. Clientèle cible, à quel point faut-il bien la connaître ?
Pour bien communiquer avec ta clientèle cible, tu dois bien la connaître et pour l’apprivoiser, il faut que tu te poses un tas de questions. On parle aussi de persona :
…personne fictive dotée d’attributs et de caractéristiques sociales et psychologiques et qui représente un groupe cible.
Source : Wikipedia
Auras-tu une clientèle de consommateur·trice·s ou d’entreprises ?
Il est temps de connaître le type de clientèle que tu souhaites rejoindre. Est-ce que ce sera des consommateur·trice·s (B2C) directement ou plutôt des entreprises (B2B) ?
“Une image vaut mille mots.” comme disait Confucius alors dans le schéma ci-dessous tu as rapidement le coup d’œil pour distinguer les deux clientèles.
Décortique ta clientèle cible : valeurs, comportements, démographie, etc.
Maintenant que tu sais si tu vends à un individu ou à une compagnie, tu dois la préciser. À quel point faut-il que tu creuses ton persona ? Oh boboy… le plus possible ! Plus tu seras précis, plus tu le connaîtras, ta communication sera claire et limpide donc tu rejoindras plus facilement ta clientèle. Ton taux de conversion (visiteurs convertis en clients) sera également beaucoup plus important.
Voici le genre de détails auquel il faut que tu penses : Ce n’est pas pour discriminer, mais bien pour aligner tes messages avec ta clientèle potentielle.
B2C (Business to consumer) :
- Genre : Femme / Homme / Non genré
- Situation amoureuse : Célibataire / Divorcé·e / Conjoint·e de fait / Marié·e
- Orientation sexuelle : LGBTQ2+ / Hétérosexuel·le
- Famille : Avec enfants (1, 2, 3 ou 4…) / Sans enfant / Recomposée
- Pays de naissance : Canada / Venezuela / Congo / Mongolie
- Langue parlée : Français / Anglais / Espagnol / Russe
- Ayant grandi dans une culture : Nord-Américaine / Europe de l’ouest / etc.
- Emploi : Travailleur·se autonome / Salarié·e / Sans-emploi / Cadre / PDG
- Démographie : Ville / Campagne
- Valeurs : Écologique / Inclusion / Bien être animal
- etc.
B2B (Business to business) :
- Type d’entreprise : Travailleur·se autonome / Incorporation / OBNL
- Secteur d’activité : Municipal / Aviation / Minier
- Taille de la compagnie : – de 50 employés / Entre 50 et 200 / Entre 200 et 500 / + de 500
- Membre d’un ordre ou pas
- Chiffre d’affaires annuel : – de 100 000$ / Jusqu’à 1M / Entre 1 et 5M / + de 5M
- Côtée en bourse ou pas
- etc.
Tu connais maintenant ton persona !
3. Chiffres ou la phobie du ou de la travailleur·se autonome !
Attention je vais parler de plan financier ! Tu as mal ? Mais non, prends ça comme un jeu. Le but ? Trouver les moyens de faire entrer de l’argent et indiquer les sorties.
Comment prédire les ventes à mettre dans mon plan financier ?
Étant donné que tu auras fait ton étude de marché, tu connaîtras parfaitement ton persona, mais aussi la façon de le rejoindre. Tu auras creusé les moindres parcelles de ton marché, ce qui te donne un tas de possibilités pour atteindre tes client·e·s potentiel·le·s et ainsi tes objectifs d’affaires.
Si je reprends l’exemple d’un·e travailleur·se autonome en traduction et un·e autre photographe, les actions à mettre dans le plan financier et créer ses projections sont :
Traduction
- Répondre à des appels d’offre sur des sites : tu le sauras puisque tu seras allé·e voir le type de contrats et les budgets sur les sites en question.
- Janvier : 3 x 250$
- Février : 2 x 500$
- etc.
- Réseautage : tu en fait minimum une activité aux 2 semaines
- Janvier : 0$
- Février : 2 x 2h à 50$
- etc.
- Groupes Facebook et/ou LinkedIn : tu partages ton expertise avec tes prospects pour devenir la référence.
- Janvier : 1 x 3h à 50$
- Février : 1 x 1500$
- etc.
Photographe
- Faire des salons/foires commerciales : en plus de tes forfaits, tu vends sur place 1 photo pour 50$
- Janvier : 0$
- Février :
- Photos sur place : 12 x 50$
- Forfait famille 1h (5 photos) : 4 x 175$
- Forfait femme enceinte 1h (5 photos) : 7 x 225$
- etc.
- Réseautage : minimum une activité aux 2 semaines
- Janvier : 2 x 175$
- Février : 0$
- etc.
- Produits dérivés : Tu fais une série de t-shirt pour bébé avec un design, phrase ou photo unique.
- Janvier : 3 x 25$
- Février : 5 x 25$
- etc.
Tu comprends maintenant la raison pour laquelle faire des recherches sur ton marché est important. Tu pourras ainsi répartir ton temps et tes efforts en fonction du calendrier des activités auxquelles tu vas participer pour vendre tes produits et services.
Comment prédire les ventes à mettre dans mon plan financier ?
À la différence des ventes, les achats sont beaucoup plus prédictibles. Tu sais si tu vas louer un espace de coworking ou un atelier et combien ça te coûtera (souvent affichés sur les sites). Même chose pour l’informatique, si tu as déjà ton ordinateur alors pas de dépense ici.
Pour tes achats de lancement, voici une idée très approximative des prix :
- Plateforme pour site : 220$/an
- Nom de domaine : 20$ ch./an
- Cartes d’affaires : entre 25$ et 100$ les 100 cartes
- Google Business Starter (anciennement G Suite) : 7,80$/mois donc 94$/an
Tu connais tes besoins pour fonctionner alors tu en fais simplement la liste, voilà tes dépenses sont notées.
Besoin d’un modèle de plan d’affaires pour te déployer ?
Beaucoup de choses se retrouvent dans notre boîte à outils pour travailleur·se·s autonomes, mais laissons la BDC (Banque de développement du Canada) te fournir des modèles de plan d’affaires et plan financier.
Conseil de Marie
Respire !
Oui, c’est tout. Enfin, si tu veux un peu d’explication… Pour moi, le plan d’affaires est là pour t’aider à te poser des questions afin de clarifier ton offre et donc ce que tu veux.
Le prendre comme ça pour le plan d’affaires d’ada, m’a permis d’enlever un poids non nécessaire sur mes épaules.
Respire !
Marie Deschene
J’espère que ça a éclairé tes lanternes à propos du plan d’affaires pour travailleur·se·s autonomes et que tu vas dès maintenant commencer tes recherches sur ton marché cible. Partage avec nous en commentaire ta source d’information qui pourrait en aider plus d’un !